Les « coûts cachés » correspondent à des dépenses effectives non incluses dans le prix des produits. Ces coûts se classent en 3 catégories, liées aux trois piliers du développement durable : les coûts sociaux (santé, sécurité, bien-être…), environnementaux (impacts sur les écosystèmes, changement climatique, gestion des déchets…) et enfin économiques (importations, investissements…).
Une étude récente de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture FAO (novembre 2023) évalue les coûts cachés de notre système alimentaire à 10 % du PIB mondial, un chiffre assez alarmant. En France, elle estime que ceux liés à l’alimentation s’élèvent à 162 milliards (Mds) €/an, au sein desquels 39 Mds € sont directement liés à l’environnement et 123 Mds € à la santé. Cette étude ne tenant pas compte de l’impact des pesticides, les chiffres sont encore sous-estimés par rapport à la réalité (notamment sur la partie environnementale) mais elle démontre déjà la nécessité d’établir un lien étroit entre les politiques menées en matière d’agriculture, d’environnement, de climat, de santé.
Elle confirme aussi les ordres de grandeur identifiés précédemment dans le milieu de la recherche, comme par exemple dans la publication de Michel Duru et Anthony Fardet, Les coûts cachés de notre alimentation, qui estimait que pour 1€ de dépenses alimentaires, il fallait compter 1€ de coûts cachés dans les pays riches.
Dans cette même publication scientifique, Michel Duru et Anthony Fardet identifient quatre facteurs majeurs à l’origine des impacts sur la santé et l’environnement, et donc des coûts cachés : la fertilisation azotée, les pesticides, la production et la consommation de viande, et les aliments ultra-transformés.
« Plus de 200 milliards d’€ de dépenses indirectes, dues à notre système alimentaire »
Selon les comptes nationaux annuels de l’INSEE, en 2022, en France, les dépenses alimentaires représentent 292 milliards d’Euros, 192 Mds d’€ si on ne prend pas en compte les services de restauration et les boissons alcoolisées. Les coûts cachés de notre système alimentaire sont donc approximativement du même ordre, autour de 200 Mds d’€ de dépenses « indirectes ».
Les solutions proposées dans le scénario Afterres2050 peuvent participer à diminuer ces « coûts cachés » :
- Les pratiques agroécologiques rendent des services environnementaux, permettent une meilleure adaptation au changement climatique et diminuent l’impact de l’agriculture sur l’environnement.
- La végétalisation et diversification de notre assiette permettent de réduire de nombreuses externalités négatives à la fois sur la santé et les écosystèmes.
- La diminution des surconsommations, pertes et du gaspillage, entraîne un meilleur respect des recommandations nutritionnelles de santé et bien sûr une diminution considérable des coûts, liés aux transports et à la gestion des déchets par exemple.
Pour aller plus loin…
– Publication de la FAO sur les coûts cachés de notre alimentation – FAO. 2023. The State of Food and Agriculture 2023. Revealing the true cost of food to transform agrifood systems. Rome.
– Michel Duru, Anthony Fardet, 2022. Les coûts cachés de notre alimentation, Up Magazine.