Alimentation durable – Prospective au Sénat

Alimentation Afterres

Prospective : le Sénat travaille sur l’alimentation durable et se nourrit du scénario Afterres2050 Solagro

Les rapporteurs du Sénat, Françoise Cartron (Sénatrice de la Gironde) et Jean-Luc Fichet (Sénateur du Finistère) ont présenté, jeudi 28 mai 2020, le rapport intitulé : « Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France ? » (Rapport n°476 – 28 mai 2020). Ce rapport, réalisé au nom de la délégation à la prospective du Sénat, s’appuie sur plusieurs des travaux de Solagro, en particulier le scénario Afterres2050.

Du champ à l’assiette

Il est introduit par ces mots : « L’alimentation et, plus largement, les systèmes alimentaires (c’est-à-dire l’ensemble des acteurs et des activités qui concourent à nourrir les êtres humains du « champ à l’assiette »), se situent aujourd’hui à la croisée d’enjeux sanitaires, écologiques et économiques majeurs et fortement interdépendants, qu’on doit aborder de manière systémique. »

Le champ et l’assiette, l’agriculture et l’alimentation sont en effet deux des principaux leviers d’action du scénario Afterres2050 prenant en considération :

  • l’évolution des régimes alimentaires
  • les modifications des systèmes et des pratiques agricoles.

Les enjeux écologiques de l’alimentation

Le scénario Afterres2050 mais aussi les travaux de Solagro menés au sein du projet CECAM[1] permettent notamment la prise de conscience des enjeux écologiques de l’alimentation.

« Il apparaît que l’empreinte carbone de l’alimentation française s’élève à 163 Mt d’eqCO2, soit 24 % de l’empreinte carbone des ménages en France. L’analyse détaillée de l’empreinte carbone du système alimentaire français montre que c’est l’amont du système alimentaire qui génère le plus d’émissions de gaz à effet de serre (GES) : la production agricole représente en effet à elle seule les deux tiers de l’empreinte carbone totale du système alimentaire. Plus des trois quarts (77 %) des émissions agricoles de GES sont par ailleurs liées à deux causes :

– la production animale. Le méthane (CH4) produit par la fermentation entérique des ruminants et les effluents d’élevages représentent 44 % des émissions agricoles ;

– la fabrication et l’usage d’engrais azotés de synthèse. Ces derniers produisent en effet du protoxyde d’azote (N2O). Cela représente plus du tiers (34 %) des émissions.

Il faut noter que ces émissions de N2O sont elles-mêmes très fortement liées à l’élevage, car plus de la moitié des céréales et des oléoprotéagineux produits en France servent à nourrir les animaux d’élevage. Au total, en agrégeant les émissions de méthane et celles de protoxyde d’azote associées à la production de nourriture pour l’élevage, les produits animaux sont à l’origine d’environ 60% des émissions de GES de l’agriculture. »

Une alimentation plus sobre et plus végétale

Le scénario Afterres2050 intègre, dans ses hypothèses prospectives, l’élargissement des comportements alimentaires déjà à l’œuvre, vers plus de « bio », plus de végétal, plus de sobriété, c’est-à-dire une tendance vers plus de qualité au détriment de la quantité.

Il envisage une diminution de 10% des quantités ingérées entre 2010 et 2050 (soit 1439 g par adulte et par jour en moyenne en 2050 contre 1598 g en 2010) et « une forte augmentation de la consommation de céréales (+20 %), de légumes (+22 %) et de légumineuses (+310 %) et, inversement, une diminution de la consommation de viande (-49%), de produits de la mer (-74 %), mais aussi d’œufs et de produits laitiers. »

À la question d’un système agricole durable qui permettrait de fournir une alimentation saine et bas carbone en France d’ici 2050, le rapport « Pulse Fiction », publié par l’association WWF et co-écrit par Solagro, démontre l’importance de remettre les légumineuses au cœur de notre alimentation et à les réintroduire dans nos systèmes de culture. Elles sont à la fois nécessaires dans la composition des régimes alimentaires moins carnés et essentielles à la mise en place de systèmes agroécologiques résilients.

Pour en savoir plus :

« Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France ? »

20 propositions du Sénat

Vidéo de présentation du rapport du Sénat en 3 min

 

[1] Barbier C., Couturier C., Pourouchottamin P., Cayla J-M, Sylvestre M., Pharabod I, L’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France, Club Ingénierie Prospective Énergie et Environnement, Paris, Iddri, Janvier 2019

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