S’agrandir pour réduire les concentrés, et passer en bio : portrait d’éleveur en transition

Suite de la série  » fermes en transition » réalisée par Solagro avec le parcours de « Thomas Morel, éleveur en Rhône Alpes ».

Lors de la régionalisation d’Afterres2050, nous avons « construit » des unités « agricoles » représentatives des principaux agrosystèmes de 2010. Nous nous sommes projetés avec ces références dans un avenir modelé à grands traits par les hypothèses d’Afterres2050.

Si pour cette série, nous nous sommes inspirés des parcours d’agricultrices et d’agriculteurs bien réels, toute ressemblance avec des personnages existants ne serait que pure coïncidence.

Ce portrait complète  les portraits de Louise, Benoît, François…agriculteurs en Picardie, ceux d’Aurélie, Nicolas, et Maxime en Val de Loire, et de nombreux autres à découvrir ici.

2018 : Alors que la crise du lait n’en finit plus, Thomas Morel est à la recherche de solutions pour pérenniser son exploitation. Il élève 35 Montbéliardes sur 59 hectares, dont 32 de prairies naturelles, 18 ha de prairies temporaires, auxquelles s’ajoutent 8ha pour l’orge et le triticale autoconsommés, ainsi qu’un hectare de pommes de terre.

Le système est autonome : les vaches produisent 6200 litres de lait par an en moyenne, les prairies temporaires sont fauchées au printemps et à l’automne, les prairies permanentes sont en partie pâturées, en partie fauchées. Mais l’équilibre est fragile…

Aussi, quand ses voisins libèrent des terres, il décide de s’agrandir, atteignant ainsi 120 ha de SAU. Non pas pour augmenter son troupeau, mais pour aller plus loin dans sa stratégie d’autonomie, avec à la clé, le souhait de réduire ses achats de concentrés, voire de passer en « bio » parce que ses collègues et amis initiés le lui ont certifié : « Là où tu en es, cela ne devrait pas te poser de difficulté particulière ».

2030 : le troupeau est toujours là, le plus gros de la crise est derrière, la ferme va bien, les vaches ne manquent de rien, le foin est bon. Pour Thomas, le séchage solaire de fourrages, qu’il a adopté très vite est un vrai plus. « Cela a sécurisé mes récoltes, et amélioré l’appétence du foin. Au final, j’ai réduit d’un facteur 3 mes achats de concentrés (80 grammes par litre de lait) ».

Bien évidemment, la productivité par vache a sérieusement diminué (de 25 %), mais tout cela s’est compensé par :

  • une meilleure valorisation de la vente du lait auprès de la laiterie locale, passée elle aussi au 100 % bio, …
  • l’introduction de nouvelles productions, céréales et protéagineux en lieu et place de prairies temporaires et cultures temporaires…

Le fils de Thomas n’a pas repris l’exploitation. Mais il est resté au village où il a formé une entreprise qui développe et exploite des méthaniseurs de petite et moyenne taille, à commencer par celui auquel son père livre ses excédents fourragers et de cultures intermédiaires, quand il y en a, c’est-à-dire les rares années de non sécheresse, …

Ce méthaniseur fonctionne toutefois avec une grande diversité de résidus organiques locaux, et il a de quoi alimenter, en hiver, le réseau de chaleur communal, et en été, le séchoir de plaquettes de bois de chauffage et les stocks de foin en grange…

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