Si la question de la mobilisation énergétique de la biomasse demeure une question sensible, elle ne peut pour autant être ignorée : l’atteinte de la « neutralité carbone » en 2050 suppose en effet d’abandonner l’usage des énergies fossiles et de recourir uniquement à des sources d’énergie décarbonées. L’électricité, aujourd’hui vecteur énergétique décarboné privilégié, ne représentera pourtant, en France et à cet horizon, qu’environ 50% de l’énergie finale (contre 25% aujourd’hui). Bien que toutes les stratégies de décarbonation reposent sur une électrification croissante des usages, un développement des bioénergies est donc nécessaire, qu’il s’agisse de biomasse solide, liquide ou gazeuse. En effet, certains secteurs et usages demeurent plus difficilement électrifiables que d’autres, que ce soit à cause de limites technologiques (besoin de chaleur haute température, transports terrestres lourds et/ou longue distance, transport maritime, transport aérien), de contraintes pratiques (difficulté d’installation de pompes à chaleur électrique dans certains logements) ou pour des considérations d’efficacité énergétique.
Afin d’éclairer le débat et de guider les arbitrages à réaliser en ce qui concerne la mobilisation de la biomasse, Solagro a réalisé une étude « Quelles biomasses pour la transition énergetique ? », dont les résultats ont été présentés à l’occasion d’un webinaire, le 15 octobre 2024. Les évaluations de ressources de cette étude se basent sur le cadrage globale d’usage des terres proposé par le scénario Afterres2050
Contenu du webinaire
- État de lieux des études en cours sur la biomasse et enjeux par Christian Couturier
- Présentation de l’étude « Quelles biomasses pour la transition énergétique? »: potentiel et usages de la biomasse pour une prospective à 2050 par Simon Métivier
- Perspectives et échanges avec Christian Couturier et Sylvaine Berger
Ressources
Solagro propose un rapport de synthèse détaillant l’étude, ainsi qu’un jeu de fiches (14 fiches « Ressources » et 12 fiches « Filières de valorisation ») qui explorent les caractéristiques des filières permettant de valoriser les différentes ressources de biomasse au niveau national. Les filières de valorisation sont caractérisées par des critères techniques, économiques et environnementaux.
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Rapport de synthèse : « Quelles biomasses pour la transition énergétique »Notice de lecture des fiches et de leurs critères |
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> 14 fiches « Ressources » permettant de dresser l’inventaire des différents types de biomasses étudiées dans cette étude et de prendre la mesure de leurs enjeux propres que sont les produits issus de l’agriculture, les produits de la forêt et des arbres hors forêt, ainsi que la question des déchets.
et leurs Annexes |
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> 12 fiches « Valorisation » permettant d’étudier les filières permettant de valoriser les différents types de biomasse en les soumettant à différents critières quantitatifs et qualitatifs. |
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Support de présentation du webinaire |
Quelques enseignements
1– Le potentiel de biomasse mobilisable pour l’énergie dépend fortement des filières de valorisation, pour des questions de compatibilité technique mais surtout pour des enjeux de retour au sol de la matière organique stable et des nutriments : d’un potentiel total de 100 MtMS/an (soit un maximum de 340 TWh), il chute à 45 MtMS/an (205 TWh/an de chaleur) si l’on n’utilise pas la méthanisation, seule filière permettant le retour au sol à la fois de la matière organique stable et des nutriments.
2– Les ressources issues de l’agriculture représentent 60% du potentiel, le bois issu de forêts ou hors forêts 20%, le reste correspond aux déchets (20%).
3– La combustion reste un moyen techniquement et économiquement performant pour la valorisation la biomasse mais son usage se réduit principalement à la chaleur basse et moyenne température. Elle fait par ailleurs face à des enjeux de qualité de l’air et de non-retour au sol de la matière organique stable et de l’azote ce qui limite le potentiel de biomasse mobilisable (42 MtMS/an sur les 100 MtMS/an identifiés).
4– La méthanisation, autre filière mature (méthane), permet d’accéder à un complément de ressource très important d’environ 60 MtMS/an (157 TWhPCS/an), mais aussi de compléter et diversifier les usages énergétiques avec la production de chaleur haute température, d’électricité de pointe et de carburants (hors aérien).
5– La filière traitant les déchets d’huile et graisse (par estérification ou hydrogénation) est la troisième filière mature mais représente un potentiel extrêmement limité de 5 MtMS/an (soit 6TWhPCS/an de carburant liquide). Elle reste la seule filière biomasse (hormis les filières 1G) mature à pouvoir produire du carburant aérien.
6– S’il est nécessaire de produire des carburants aériens à partir de biomasse en plus grandes quantités, il faut passer par des filières thermochimiques non encore complètement matures, telles la pyrolyse rapide, la pyrogazéification (Fisher-Tropsh), la fermentation…
