Le Centre d’études et prospective (CEP) du ministère de l’Agriculture, par ses missions de veille, de prospective, d’analyse économique et d’évaluation des politiques publiques, a construit depuis sa création en 2008 une expertise sur les questions climatiques.
Un de ces premiers chantiers majeurs, la prospective Agriculture Energie 2030, a mobilisé l’outil Climaterre, ancêtre de Clim’agri. Son utilisation, appuyée sur les compétences de Solagro, a permis de quantifier production, consommations d’énergie et émissions de gaz à effet de serre de la « ferme France », et ce pour chacun des quatre scénarios réalisés.
Le Centre d’études et de prospective a continué de consolider cette expertise en analysant 6 travaux prospectifs sur la contribution possible de l’agriculture française à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, dont Afterres2050, à l’échelle métropolitaine. Cette comparaison a permis de mieux expliquer en quoi ces différentes contributions se distinguent : elles peuvent être des visions stratégiques d’acteur(s) qui entendent peser dans le débat public, ou construites avant tout pour faciliter l’élaboration d’une stratégie partagée.
Partager les termes du débat, affiner notre compréhension collective des enjeux climatiques.
Bien que ces exercices diffèrent dans leurs approches comme leurs intentions (scénario normatif ou exploratoire, tendanciel ou de rupture), ils s’enrichissent aussi mutuellement. Cette multiplication d’exercices permet ainsi de mieux préciser et surtout de partager les termes du débat à travers un vocabulaire et un cadre d’analyse qui deviennent progressivement communs, malgré les divergences de fond. Ils éclairent sur les interactions possibles entre leviers d’action, ce qui rend d’autant plus utile des outils comme Clim’Agri et MoSUT (l’outil de modélisation conçu par Solagro pour Afterres2050) et important leur rôle dans la quantification, et ce en dépit de leurs limites. Ainsi un scénario tel qu’Afterres2050 et les outils qu’il mobilise affinent notre compréhension collective des enjeux climatiques, ainsi que des marges de manœuvre possibles. Il contribue au débat public en formulant une « vision d’acteur » de type plutôt normative (formulation d’un avenir jugé souhaitable).
Au final, Afterres2050 et les autres exercices de prospective permettent de dégager de manière plus consensuelle ce qui relève des contraintes externes, des leviers techniques et des choix de société.
Elise Delgoulet, Centre d’études et prospective, Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire, et de la Forêt, décembre 2015.