Montreuil, le 23 janvier 2017 – L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié son rapport « Actualisation des repères du Plan National Nutrition Santé (PNNS) : révision des repères de consommations alimentaires ».
A l’initiative du Réseau action climat France (RAC-F), Sept associations[1] – dont Solagro avec son scénario Afterres2050 – en tirent un bilan mitigé alors qu’il était attendu des réponses aux enjeux de santé publique et environnementaux de la France.
Le contenu du rapport de l’ANSES est donc crucial, car il orientera aussi bien les formations des nutritionnistes, les menus des cantines, la sensibilisation réalisée par les travailleurs sociaux et les services de la petite enfance, etc. Sur la base de ses « repères » notre assiette pourrait évoluer pour mieux répondre aux enjeux majeurs de santé publique auxquels fait face la société (prévalence des cancers, maladies chroniques, obésité, etc.) et aux enjeux environnementaux tels que la crise climatique, la contamination des milieux (eau, air, sols) et la perte en biodiversité.
Enjeux sanitaires et environnementaux : des solutions convergentes
Afin de prendre en compte ces enjeux, les sept organisations espéraient vivement que ce rapport incite à encourager la consommation d’aliments issus d’un mode de production durable pour à la fois réduire les impacts environnementaux de l’agriculture et préserver la santé de la population. Il est de plus indispensable d’inciter à réduire la consommation de protéines animales (viande, poisson et produits laitiers) pour évoluer vers un système agricole et alimentaire durable.
Une assiette à moitié pleine…à accompagner d’une politique alimentaire durable
Les travaux publiés ce jour, contiennent une avancée notable : le classement des protéines végétales, et en particulier des légumes secs (haricots, pois chiches, lentilles, pois cassés, etc.) dans la catégorie des protéines au même titre que le poisson ou la viande, ce que nous saluons. En revanche, aucun lien n’est explicitement établi entre mode de production durable (et en particulier agriculture biologique) et santé. Un bilan en demi-teinte donc…Au-delà de ce rapport, nous insistons pour que les prochaines recommandations alimentaires du ministère de la santé, en plus de l’enjeu santé, prennent en compte l’enjeu environnemental en tant que tel, en cohérence avec la définition de l’alimentation durable de la FAO[3]. Une agriculture plus respectueuse de l’environnement et du climat aura en effet des impacts positifs sur la santé du plus grand nombre : pollution atmosphérique, gaz à effet de serre, qualité de l’eau, etc.). Surtout, sans modification de son régime alimentaire, la France sera incapable d’atteindre ses objectifs nationaux de diminution des émissions de gaz à effet de serre[4] et de polluants atmosphériques[5].
[1] Le Réseau Action Climat, Solagro, Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot, le WWF, Générations Futures et France Nature Environnement.
[2] Pour mémoire, il s’agissait par exemple de la campagne de communication « 5 fruits et légumes par jour » ou encore « Manger Bouger c’est la santé », www.mangerbouger.fr
[3] « Les alimentations durables sont les systèmes alimentaires à faibles impacts environnementaux, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des générations présentes et futures. Les alimentations durables sont protectrices et respectueuses de la biodiversité et des écosystèmes, sont acceptables culturellement, accessibles, économiquement équitables et abordables. Elles sont nutritionnellement correctes, sûres et saines, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines », FAO, 2010.
[4] La loi de transition énergétique de 2015 fixe un objectif de division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (facteur 4) et la feuille de route pour atteindre cet objectif (Stratégie nationale bas carbone, 2015) fixe un sous objectif de division par 2 des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture (Facteur 2 agricole). La Stratégie nationale bas carbone s’impose au PNNS qui devra notamment prendre en compte la baisse de la consommation des produits animaux.
[5] La Directive NEC impose des seuils d’émissions pour chaque état membre. Parmi les polluants pris en compte par cette directive figure l’ammoniac, émis à 98% par l’agriculture.