Biomasse et neutralité climat en 2050 : gérer la rareté pour maintenir des écosystèmes productifs et résilients

 

 

 

 

 

 

Le secteur des terres (agriculture, forêts) répond à une diversité de demandes sociales: alimentation, énergie, matériaux, stockage de carbone, maintien de la biodiversité. Ces demandes vont évoluer à la hausse par l’effet combiné de l’accroissement démographique, de la sortie des fossiles (et du besoin, en conséquence, de carbone renouvelable), des besoins de stockage de carbone, et de la nécessité de restaurer la biodiversité pour maintenir le potentiel productif des écosystèmes en contexte de changement climatique. L’offre de biomasse, pour sa part, dépend de la productivité du secteur des terres ; elle est déterminée par les conditions pédoclimatiques, elles-mêmes affectées par les changements globaux. Ce Document de propositions s’appuie sur les scénarios à 2050 publiés récemment pour identifier les équilibres offre-demande de biomasse répondant aux enjeux biophysiques à 2050 (climat, alimentation, biodiversité) et souligner les enjeux socio-économiques et politiques soulevés par ces scénarios.

Messages clés

Pour contribuer à la neutralité climatique et s’adapter aux impacts du changement climatique, la priorité doit aller aux actions de reconquête de la biodiversité, garante des capacités productives et de la résilience : recomplexification des systèmes forestiers (futaies irrégulières) et agricoles (allongement des rotations, infrastructures agroécologiques) ; réduction de l’usage des intrants de synthèse. Ces évolutions, associées aux impacts projetés des changements globaux sur la productivité des
écosystèmes, conduisent à raisonner en termes de gestion de la rareté, plutôt que d’augmentation de l’offre basée sur une hypothèse de hausse des rendements moyens.

Utiliser plus de biomasse à des fins non-alimentaire – de 50 millions de tonnes de matière sèche (MtMS)/an aujourd’hui à 100–120 MtMS en
2050 selon les scénarios – passe prioritairement dans les scénarios analysés par la sobriété :
réduction de la consommation moyenne de protéines animales d’environ 30 %, pour réduire la part de biomasse à destination du cheptel ;
réduction de la consommation d’énergie finale pour limiter la demande en biomasse énergie et l’allouer à des usages à forte valeur ajoutée.

Le développement des couverts intermédiaires permettrait un accroissement net de biomasse mobilisable de 15 à 20 MtMS/an. Les besoins potentiels en eau, comme le coût d’implantation de ces couverts, requièrent une évaluation des conditions agroécologiques et économiques de leur développement.

Les objectifs de stockage (65 à 75 MtCO2 eql/an) sont compromis par la perte de productivité biologique des forêts. Leur atteinte suppose des changements importants sur la sole agricole : expansion de l’agroforesterie, des couverts intermédiaires et des haies, triplement des surfaces en légumineuses.

Une réorganisation des flux de biomasse telle qu’envisagée par les scénarios analysés aurait des implications sociales et économiques, voire culturelles, importantes qui ne peuvent être éludées ; prendre en charge conjointement les questions socio-économiques et biophysiques
suppose ainsi de structurer la discussion sur les trajectoires de transition en ne laissant de côté aucun enjeu – ni environnemental, ni social, ni économique – et aucun acteur, pour aboutir à des choix politiques les plus partagés possibles.

 

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