Les co-auteurs : Christian Couturier, Madeleine Charru, Sylvain Doublet, Philippe Pointereau – Solagro
Le scénario Afterres2050 est le compromis d’hypothèses qui a paru à Solagro, en 2016, le plus cohérent, le plus réaliste et le plus soutenable. Il n’est pas le seul envisageable et est évolutif. Solagro travaille aujourd’hui sur de nouvelles hypothèses. L’objectif reste d’ouvrir le débat et de permettre de comprendre les leviers d’action et leur interdépendance.
Dans les assiettes en 2050 : moins de surconsommation, plus de protéines végétales, plus de « bio » et moins de gaspillage tout au long de la chaîne
Notre alimentation dépasse largement nos besoins et entraîne des problèmes de santé publique : obésité, surpoids et affections de longue durée. Limiter les surconsommations en particulier de protéines et de sucre et réduire les pertes et le gaspillage est un premier levier d’action. Trop riche en viande et en lait, notre régime alimentaire émet beaucoup de gaz à effet de serre et, à raison de 3 à 10 kg de produits végétaux pour produire1 kg de viande, il est également trop gourmand en espace dans et hors de nos frontières. La réduction de la part d’origine animale de notre alimentation est nécessaire pour réduire notre empreinte carbone.
Nos apports en protéines proviendraient alors aux deux tiers de végétaux, et pour un tiers de la viande, des œufs et produits laitiers, soit une inversion des proportions actuelles.
« Ces évolutions sont cohérentes avec les plus récentes recommandations des nutritionnistes et reprises dans le PNNS4, programme national nutrition santé. On mesure aujourd’hui mieux l’impact de l’alimentation sur l’environnement et sur la santé et par exemple le rôle joué par les pesticides sur l’occurrence de certaines maladies, qui invite à augmenter la part de « bio » dans toutes les assiettes, commente Philippe Pointereau, co-auteur de l’étude BioNutriNet.
Dans les champs : plus de diversité, moins d’engrais de synthèse et de pesticides, une agriculture moins vulnérable
Pour limiter les désordres environnementaux et répondre aux attentes des consommateurs, notre agriculture doit évoluer vers des systèmes agricoles basés davantage sur des facteurs de production biologiques que chimiques : légumineuses versus engrais azotés, lutte biologique versus pesticides et des pratiques culturales préservant la matière organique des sols et leur activité biologique. Cela conduit à des rotations plus longues, la généralisation des couverts d’inter-culture et une palette de productions plus diversifiée.
« Il faut remettre de l’agronomie dans les systèmes tout à la fois pour limiter les impacts sur le climat et pour être plus résilients face aux dérèglements auxquels il faut d’ores et déjà s’adapter ». Sylvain Doublet, agronome.
En 2050, selon Afterres2050, la production végétale s’effectue pour 45 % en agriculture biologique (travail du sol simplifié, cultures associées, couverts végétaux…) et 45% en production intégrée (semis directs, couverts végétaux, faibles recours aux intrants chimiques…). La production animale est essentiellement placée sous label ou sous signe de qualité. L’autonomie alimentaire des élevage est privilégiée avec : des cheptels réduits pour s’adapter à la baisse de la consommation de viande et de lait et des races bovines mixtes qui valorisent les prairies naturelles, tandis qu’on observe une forte diminution des cheptels spécialisés.
Voir le site OSAE – Osez l’agroécologie
Mais aussi…
Afterres2050 implique une division par 2 du rythme d’artificialisation des terres agricoles, le maintien des prairies naturelles permanentes et une augmentation de la surface forestière.
Plaquette 4 pages Afterres2050
Une forêt productive
Mieux gérée, la forêt fournit du bois d’œuvre et de la pâte à papier, productions dont nous sommes très fortement déficitaires. Les petits bois et chutes d’exploitation sont valorisés en énergie.
Voir « Débattre » sur la forêt et le bois
Le développement de la méthanisation et de l’agroécologie
La méthanisation, comme l’alimentation, s’est végétalisée : résidus, couverts, fauches. La méthanisation agricole fournit un tiers de nos besoins en gaz renouvelable.
Voir « Débattre » sur la méthanisation et l’agroécologie
Des échanges équilibrés avec le reste du monde
Une partie des terres arables allouées à l’alimentation des animaux ayant été libérée, nous pouvons prendre notre part dans la sécurité alimentaire mondiale et exporter des céréales vers les pays qui en ont besoin. La réduction des cheptels et l’évolution des pratiques d’élevage nous permettent de nous affranchir des importations massives de tourteaux de soja des Amériques.
Des indicateurs « air, énergie, climat et biodiversité » nettement améliorés
Afterres2050 se traduit par :
- Une division par 2 des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture, ce qui permet d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, si les autres secteurs respectent leurs quotas respectifs.
- Une division par 3 des traitements phytosanitaires sur les cultures et par 2,5 de la consommation d’azote minéral (engrais chimiques), résultats conformes aux objectifs d’amélioration de l’environnement et de reconquête de la biodiversité (Directive nitrate, qualité des masses d’eau, zéro-phyto, stratégie nationale pour la biodiversité)
- Une division par 2 des prélèvements d’eau pour irriguer les cultures en été, tandis que la diversification des productions réduit notre vulnérabilité au changement climatique
- Une division par 2 de la consommation d’énergie et une mobilisation de la biomasse agricole et forestière dans le respect du bon fonctionnement des écosystèmes selon la stratégie nationale biomasse (SNB).