Chez Aurélie, Nicolas, et Maxime : de 2016 à 2050 – Portraits d’éleveurs en transition

Lors de la régionalisation d’Afterres2050, nous avons « construit » des unités agricoles de référence, des cas types d’exploitations représentatives des principaux agrosystèmes de 2010. Nous nous sommes ensuite projetés avec ces références dans un avenir modelé à grands traits par Afterres2050. Si nous nous sommes inspirés des parcours réels d’agricultrices et d’agriculteurs avec lesquels nous avons travaillé, toute ressemblance avec des personnages existants ne serait que pure coïncidence. Ces parcours d’éleveurs complètent  les portraits de Louise, Benoît, François…agriculteurs en grandes cultures en Picardie, ainsi que les témoignages d’OSAE, l‘observatoire des pratiques agroécologiques animé par Solagro.

En à peine 10 ans, Aurélie et Nicolas Robin et Maxime Bonnin, tous trois éleveurs dans le Centre Val de Loire, ont fait évoluer en profondeur leurs exploitations, pour s’adapter au changement climatique, avec chacun sa stratégie. Si Aurélie et Nicolas ont refondé en profondeur leur système fourrager, Maxime a fait le choix des races mixtes.

Le déclic commun ? Le souhait de gagner en autonomie et de renforcer l’intégration de leurs fermes dans les dynamiques territoriales en matière de circuit court, de qualité, d’entretien des espaces, …

La première décision significative d’Aurélie et Nicolas ? Passer sous label de qualité afin de répondre à la demande des consommateurs et des cantines locales (qui mettent de plus en plus de signes de qualité dans leurs menus).

Entre 2015 et 2025, les conditions climatiques imposent de nouvelles contraintes : la pousse estivale de l’herbe devient plus aléatoire. Aurélie et Nicolas décident donc de réduire leur cheptel allaitant et de convertir des prairies temporaires en céréales et oléoprotéagineux, tout en se convertissant à l’agriculture biologique.

Progressivement, les cultures vendues augmentent. La part de la surface agricole consacrée à l’alimentation humaine triple par rapport à la situation antérieure. La rotation est beaucoup plus diversifiée et contient des légumineuses pour l’alimentation humaine. Et, très bon point pour la biodiversité, les surfaces de prairies permanentes n’ont pas bougé…

Maxime Bonnin, a fait un choix un peu différent : il a réduit certes son troupeau, mais surtout il a adopté la race nantaise, une race mixte et rustique, qui lui permet de produire à la fois du lait et de la viande, et de valoriser ses sols pauvres et humides en hiver.

Il s’est également associé avec un voisin, pour constituer un troupeau de Berrichons, une race ovine 100 % locale, très appréciée pour la qualité de sa viande. Maxime expérimente par ailleurs, avec succès le pâturage tournant dynamique, dont il devient un adepte fervent. Le principe ? Faire consommer au troupeau de l’herbe à un stade optimum : un chargement instantané élevé sur de petites parcelles (paddocks) et des temps de rotation adaptés à la dynamique de pousse de l’herbe. La technique marche tellement bien que Maxime propose des prestations d’entretien des parcelles délaissées ou éloignées, à ses voisins et même aux élus des communes proches.

Forts et fiers d’avoir ainsi osé, nos éleveurs prennent goût au changement. Aurélie et Nicolas intègrent un projet collectif de méthanisation qu’ils contribuent à alimenter en faisant méthaniser en hiver leurs fumiers, et en été, l’herbe « excédentaire » quand il y en a… Très classiquement, le biométhane est injecté dans le réseau, voie de valorisation devenue majoritaire en France.  (Lire ici pourquoi)

Maxime Bonin pour sa part, a choisi d’investir dans la pisciculture. Les étangs de la Brenne connaissent un dynamisme sans précédent, du fait de la chute dramatique des pêches maritimes, au moment où les nutritionnistes insistent sur les bienfaits du poisson sur la santé, et où Afterres2050 version 2035, se permet de rajouter un peu plus de poisson dans « notre assiette », sans que cela perturbe son empreinte climatique, et la biodiversité des océans en lente reconstitution, …

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