Le pari de la transparence

Afterres2050 n’est pas une boîte noire même si la compréhension de ce grand mécano n’est pas instantanée. Depuis le début, Solagro a souhaité, de conférences en séminaires, rendre accessible ce qui s’apparente à une « production d’experts ». Pour aller au bout de la transparence, et fortifier ses travaux, Solagro s’est entourée d’un conseil scientifique. Entretien avec Marc Deconchat*, son président.

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Quel est le rôle de ce conseil scientifique ? Quelle est la règle du jeu ?

C’est un conseil consultatif.  Il est composé d’une quinzaine de chercheurs parmi les plus réputés dans leur domaine respectif. Nous sommes questionnés sur des arbitrages, sur la sécurisation de certaines hypothèses. Solagro n’est pas obligé de suivre nos avis mais le plus souvent, nous sommes en phase. Nous avons été très sollicités pendant les phases de « régionalisation » du scénario, une étape de territorialisation qui a soulevé de nouvelles questions aux scénaristes.

Globalement, nous avons beaucoup parlé d’alimentation et de nutrition, de la place des produits de la mer, des mutations des espaces et des activités, notamment dans les zones d’élevage. Tous ces sujets ont été autant d’occasions d’affiner certains paramètres du scénario, de préciser quelques hypothèses un peu grossières, d’émettre des points de vigilance.

Avez-vous été appelés à remettre en question les options prises en matière de modélisation ?

La conception même du scénario et ses conclusions générales n’ont guère été remises en cause. Plutôt que de demander des approfondissements multiples, nous avons incité Solagro à modérer le curseur des ambitions d’Afterres2050 (qui reste néanmoins une belle ambition).

Pour les membres de ce conseil, quel intérêt y-a-t-il à participer au projet Afterres2050 ?

Nous avons beaucoup de plaisir de travailler de manière interdisciplinaire autour d’un « objet » systémique qui s’y prête fort bien ! Comme le dit Jean Marc Meynard, chercheur à l’INRA et membre du conseil scientifique « tant que chacun d’entre nous y trouve un intérêt à participer, il revient,  » et il s’avère que nous revenons, peut être justement parce que la recherche a plus que jamais besoin d’interdisciplinarité.

Quelle est la particularité, le trait du scénario qui a le plus étonné le conseil scientifique.

Je dirais que c’est finalement un point assez trivial : avoir réussi à élaborer un modèle systémique ET complètement quantitatif, étayé par des informations fiables et vérifiables. La prospective dans le domaine agricole, comme dans d’autres je suppose, se contente de relations qualitatives beaucoup plus floues. Afterres2050 oblige chacun à se « cogner » aux chiffres, qui sont tout de même une traduction de la réalité, de ce qui pourrait nous arriver, en pire ou en mieux …

Quels sont les champs d’approfondissement qui sont encore devant Solagro ?

Le premier est celui de la nutrition : la mise en adéquation étroite entre l’assiette et le champs ne va pas de soi, cela nécessite une connaissance fine des matrices de correspondance, de la culture à l’aliment transformé. Il reste également à intégrer toutes les briques de la transformation agroalimentaire dans le scénario. 99 % des productions agricoles passent par la case de la transformation, …c’est donc un enjeu très important.

*Marc Deconchat est directeur de recherches à l’INRA.

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Le conseil scientifique (par ordre alphabétique)

Philippe Baret, Agronome, agronome, professeur Université de Louvain – Marc Benoît, agronome, directeur de recherche INRA/SAD – Marc Deconchat : Directeur du laboratoire Dynafor, écologue des paysages, INRA – Dominique Dron, ingénieure générale des Mines – Eric Justes, Institut national agronomique (INA), et  chercheur INRA – Denis Lairon, Directeur de recherche émérite à l’INSERM – Bernard Lemoult, Directeur de recherche, Ecole des Mines- Jean-Marc Meynard, agronome, Directeur de Recherche à l’INRA – Michael O’Donohue : Directeur de recherche, INRA – Martine Padilla-Tichit, professeure associée au CIHEAM-IAM (économie alimentaire) – Vincent Piveteau, Directeur, Ecole nationale du Paysage – Philippe Quirion, économiste, Directeur de recherche au CNRS/CIRED – Philippe Quirion, directeur de recherche, économiste, CNRS/CIRED – Arthur Riedacker, OIKOS Institute, GIEC 2007 – Sébastien Treyer, directeur des programmes, Institut du développement durable et des relations internationales (IRDI).

Nos partenaires ont également participé aux sessions du conseil scientifique : Sarah Martin, pour l’ADEME (Service Agriculture et forêt) et Mattthieu Calame, directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme.

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