Nos forêts vont-elles tenir le coup ?

Nous sommes en 2050 : la traditionnelle bûche a cédé la place aux granulés pour le chauffage domestique, l’industrie et le tertiaire se chauffent massivement aux plaquettes de bois, les camions roulent au méthane issu de la gazéification de bois. Nos forêts vont-elles tenir le coup ? Pour les forestiers, oui, pendant encore quelques décennies avant que le changement climatique n’impose une nouvelle approche.

C’est en prenant les avis des professionnels de la forêt et de la biodiversité que Solagro a tracé une trajectoire d’évolution des ressources et des usages du bois d’ici à 2050, une trajectoire qui anticipe de nombreuses évolutions et qui sont loin d’être linéaires…

 Combien de bois pourrons-nous extraire de la forêt ?

  • La production biologique annuelle de la forêt française augmente légèrement avant de stagner vers 2030 au dessous de 95 Mm3 (bois fort tige) puis elle va décroitre, sous l’effet du stress hydrique et des attaques des maladies et ravageurs,
  • Environ 70% de la production biologique annuelle, soit jusqu’à 98 Mm3 au maximum (incluant les branches), peut être prélevée, alors qu’aujourd’hui le taux de prélèvement est de 46 % (59 Mm3).
  • Ces prélèvements peuvent s’effectuer en protégeant voire en améliorant la biodiversité en forêt. Une forêt qui capitalise trop de bois sur pied vieillit, et perd en biodiversité. L’enrésinement, les taillis à courte rotation, les coupes rases, ne sont pas une nécessité. En revanche, la question du raccourcissement des cycles, pour adapter la forêt au changement climatique, est d’ailleurs posée.

Mais le bois ne se limite pas à la forêt !

  • Afterres2050 voit pousser des arbres un peu partout, aux bords et à l’intérieur des champs et prairies, dans les jardins et vergers, en ville et dans les villages. De nouvelles ressources de proximité à valoriser.

Comment nos besoins de bois vont-ils évoluer d’ici 2050 ?

  • La consommation de bois énergie domestique diminue grâce à l’amélioration des appareils de chauffage et de l’isolation thermique des bâtiments qui conduit à une division des besoins de chauffage par 2,5.
  • Le bois dans l’industrie, le tertiaire et les réseaux de chaleur augmente de façon importante, et fini par dépasser le bois énergie domestique.
  • Les usages « combustion » dans le bâtiment et l’industrie, augmentent jusqu’en 2030 puis diminuent pour revenir au niveau actuel : la réduction des consommations d’énergie l’emporte sur l’augmentation du taux de pénétration du bois énergie au global.

Gazéificaiton + méthanation + épuration : du méthane de bois dans les réseaux gaz naturel

  • La gazéification du bois suivie d’une étape « méthanation » et d’épuration s’est déployée massivement : c’est un poste majeur en 2050, à égalité avec la combustion de bois par les ménages, et par l’industrie, le tertiaire et les réseaux de chaleur urbains.
  • Privilégiée dans Afterres2050, ainsi que dans le scénario négaWatt, cette voie technologique cumule de nombreux atouts : elle est l’une plus proches du développement industriel et commercial ; la taille des unités reste modérée et de ce fait, adaptée à des bassins d’approvisionnements infra-régionaux. Enfin, atout majeur, les infrastructures de transport, et de stockage du gaz naturel peuvent être utilisées pour ce méthane nouvelle génération qui pourra être valorisé sous différentes formes, y compris et surtout dans les transports. Le scénario négaWatt fait du méthane la première ressource de ce secteur avec 63% de la consommation d’énergie.

Moins de conflits, plus de synergies

Le bois énergie s’inscrit dans une gestion des produits bois plus complexe qu’aujourd’hui : aux logiques souvent conflictuelles bois d’oeuvre / bois d’industrie / bois énergie, se substituent des logiques de synergie dans lesquelles les frontières entre matériau de construction et matières complexes élaborées à partir des composantes du bois (cellulose, lignine) deviennent poreuses.

La bioraffinerie illustre la possibilité de combiner différentes étapes de transformation conduisant à une variété de produits plus ou moins transformés, y compris des produits énergétiques ; les enjeux consistent à articuler des approches filière avec des approches territoriales, reposant sur la notion de ressources et de développement régional.

Photo Midi-Pyrénées Bois

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